CHEAR - Lanxade - Les nouveaux Enjeux géostratégiques

Publié le par Pauline Prodhome

 
CHEAR - 09/11/06

Conférence Amiral Jacques LANXADE

« Les nouveaux enjeux géostratégiques »
 
J. LANXADE :
 

Chef d’Etat major des armées de mai 1991 à septembre 1995.

Ambassadeur de France en Tunisie jusqu’en septembre 1999.

 
Introduction :
 

Terrorisme international, prolifération des armes, tensions sur le pétrole, craintes sur l’environnement, épidémies… Tableau des menaces actuelles. Interrogation sur les défis actuels.

 

Monde compliqué, violent et agité. Avant la logique était de dissuasion, pendant la bipolarisation. A la sortie de la période de guerre froide, on a cru à un monde pacifié, mais on a vu que cela ne se passait pas ainsi. Hugtington choc des civilisations faux, sauf en ce qui concerne le monde musulman. Les USA rêvent de créer le monde idéal démocratique, libéral… mais cela n’a pas réussi.

 
Facteurs qui créent la complexité mondiale :
 
  • Existence de 2 crises majeures : Israélo-palestinien (surtout ! car conséquences sur toute la région, le pétrole, l’islamisme…) et Irak
  • Montée de l’islamisme : Depuis quelques années, résultat d’une crise au sein du monde arabe d’abord. Raison de cette montée recherchée dans :
    • la frustration des pays arabes anciennement porteurs d’une culture forte, puis ont été colonisé et sont mal sortis de cette colonisation.
    • Il y a dans l’Islam des approches radicales, qui sont aujourd’hui soutenus par 2 grands ensembles : Chiite (Téhéran) et wahhabite (Arabie Saoudite). Ils cherchent à prendre le pouvoir et à imposer leur vision de l’islam : application de la Charia. Al Kaïda a comme 1° objectif le gouvernement des pays arabes. Ayant échoué, ils se sont retournés vers l’occident.
    • Le soutien de l’occident aux régimes arabes non islamistes facilite la pénétration de la culture occidentale dépravée.
    • phénomène de sous-développement qui facilite la pénétration des mouvements islamistes.
  • Fractures du Sous-développement : Méditerranée N/S où les rapports de richesse sont de 1 à 10. Menace la stabilité des Etats (Afrique) et crée des pressions migratoires + facilite l’extrémisme. En général progrès économique, mais pas égal.
  • Prolifération nucléaire : On a tenté de la contrôler avec le TNP mais Corée du N, Israël, Inde et Pakistan… ont déjà accédé au nucléaire malgré ce traité de non prolifération. TNP aujourd’hui vu comme un traité inégal. Problème de l’Iran où les choses sont très mal engagées. Aspiration très ancienne de l’Iran d’accéder au nucléaire.
  • Emergence de l’Asie : Brusque et non prévue. Chine et Inde bouleversent les équilibres mondiaux. Le centre géostratégique mondial se déplace à grande vitesse vers l’Asie et le Pacifique (avant centre était l’Atlantique). Très différent de l’opposition avec le CCCP car les deux blocs se développaient en parallèle, sans aucun échange, et c’est ça qui a fait tomber le CCCP. Economie va obligatoirement provoquer des conséquences stratégiques considérables.
 

è Facteurs positifs tout de même :

  • Croissance de l’économie mondiale comme fruit de la mondialisation
  • Contrôle général de la démographie
  • Certaine forme de progrès du multilatéralisme : combattu par la dernière administration américaine, mais l’échec des néo-conservateur laisse à penser à un retour aux réalités. Déjà la 2° administration Bush a modifié sensiblement la position américaine, qui se retour plus vers les institutions internationales et l’ONU.
 
Deux visions du Monde, hésitation :
 
  • Monde multilatéral : où on s’efforce de faire jouer la communauté internationale
  • Monde multipolaire : choc des intérêts, des affrontements, qui rappelle le XIX° et XX
 
Grands enjeux actuels :
 
  • Terrorisme : pas possible de le régler sans s’attaquer aux causes du terrorisme islamique. Il ne faut pas faire la guerre au terrorisme (thèse néo-conservatrice) sans régler les problèmes mondiaux qui affectent le monde arabo-musulman. Approche globale : crise israélienne, vol des richesses par l’occident, gestion de la transition démocratique des pays musulmans et arabes. Occident ne doit plus soutenir des régimes dictatoriaux qui utilisent la lutte contre l’islamisme comme alibi à leur pouvoir fort. Question chaude : doit-on parler avec les islamistes radicaux ? Peut-on faire l’économie d’un dialogue avec eux ? Il faudra bien un jour relancer le dialogue pour avancer, car leur capacité d’action sur les populations de la région font que c’est une nécessité.
  • Instabilité du proche et du Moyen-Orient :
    • Urgence est le conflit israélo-palestinien où tout le monde est perdant. Il faut trouver une solution. Rabbin et gauche israélienne était dans l’optique d’arranger les choses.
    • Irak : Difficile d’éviter une partition du pays. Problème pour les Kurdes car conflit avec la Turquie. Problème de la façon et du rythme auquel les américains vont se retirer. Début d’opposition de l’Islam entre les sunnites et les chiites.
  • Energie : Prix du pétrole et du Gaz ne risque pas de baisser. Energie devient rare, il y a une véritable géopolitique de l’énergie avec une forme de coopération politique qui se crée entre la Russie, l’Inde et la Chine + Problème entre Russie, Ukraine et Georgie + Problème pour l’Europe. Volonté de reprise en main par les gouvernements de leur énergie (début avec le Venezuela) è Géopolitique des accès à l’énergie sont fondamentaux.
  • Méditerranée : Fracture Nord / Sud s’accroît. Début de contrôle démographique tardif et problème d’emploi crée des problèmes importants = instabilité (algérien) + pression migratoire + instabilité possible dans les pays européens. On ne peut pas ériger l’Europe en citadelle en ignorant ce problème. Enjeu stratégique considérable et il faut trouver un moyen : Tentative pacte euro-méditerannéen de Barcelone : semi échec car pas assez de moyens mis en œuvre.
  • Montée de l’Asie : Superpuissance(s) (chine et peut-être Inde) qui risquent d’aller à la confrontation. La mise en place du « Containment » de la Chine à l’ordre du jour dans beaucoup de milieux stratégiques américain, comme si on pouvait traiter la Chine comme on a traité la Russie à l’époque. Mais c’est impossible car les deux cas sont très différents. Il faut réussir à intégrer ces pays au système économique et stratégique mondial.

Ces défis n’ont pas la même importance dans le temps. La Chine, par exemple, ne sera à traiter que dans 15 ans (mais se prépare aujourd’hui), tandis que le terrorisme est présent aujourd’hui.

 
Les perspectives pour l’Union Européenne :
 
  • Turquie : Pour une entrée de la Turquie à condition qu’elle change les aspects qui ne conviennent pas. Pour lui, beaucoup plus de risquent existent à un rejet, plutôt qu’à une intégration. Il faut faire confiance au système d’intégration européenne, qui donne une certaine garantie du caractère démocratique.
  • Russie : Besoin d’un véritable partenariat (intérêts pas convergents avec les USA sur ce domaine)
  • USA : Partenariat fort, mais il est temps de penser à une réécriture de la Charte de l’Atlantique. Il faudrait un ministre des affaires étrangères européennes pour cela. On déciderait dans un cadre un consensus entre l’UE et les USA si intervention ou non dans le monde et quelle sorte d’intervention. Intérêts entre UE et USA très forts, mais pas forcément convergents.
 
 En France : Nous devons prendre conscience des limites de ce que nous pouvons faire, mais aussi préserver les atouts qui permettent notre rôle : capacités militaires importantes. Il faut conserver notre nucléaire, ne pas être pris en otage par une confrontation que nous ne pourrons pas éviter entre les USA et la Chine. + Nous devons conserver notre capacité d’action extérieure, tout en se protégeant des menaces dans nos frontières.


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